Épistémè
Travail en ville et ville au travail
Le thème de cette conférence :
Le champ de recherche autour du travail en ville est immense car il interroge de nombreuses dimensions : la production, la consommation, les ressources locales, le rapport au travail, etc. Il invite à des questionnements hétérogènes, tous de haute importance et plaide pour des connaissances nouvelles. Dans ce cadre, 3 angles d’approche différents ont été choisis.
Le premier s’attache à se pencher sur le rapport au travail de « ceux d’en bas » à partir d’une enquête produite à Roubaix par une équipe de 5 sociologues, le collectif Rosa bonheur. Anne Bory, porte-parole de ce collectif, reviendra sur le passé industriel de notre région et de nos villes et sur les traces qui continuent à marquer les représentations et les comportements des catégories populaires fragilisées par la désindustrialisation, conduites à composer avec la précarité et face à l’injonction d’une performance toujours plus grande. Annette Groux, quant à elle, se propose de revenir sur les avancées d’un programme de recherche dont l’objet est de mieux repenser la place du travail en ville et plus particulièrement à la spatialisation des activités productives au regard des objectifs de zéro artificialisation nette imposés par le contexte climatique, sociétal et législatif. Enfin, Coline Carême et François Lescaux du Bureau des temps de la MEL aborderont la dimension temporelle et les rythmes urbains, dimension émergente qui contribuent à répondre à des enjeux nouveaux dont l’urgence climatique. En s’appuyant sur un diagnostic temporel du territoire, leur mission consiste à identifier des leviers pour la transition notamment dans le domaine du travail.
Le programme
Replay de la conférence du 8 décembre 2022
Rappel de la conférence du 20 octobre 2022 : Comment les villes se préparent aux défis du siècle, quels leviers innovants engagent-elles ? Tel a été l’objectif poursuivi par Bénédicte Grosjean, Didier Paris et Isam Shahrour qui ont ouvert le nouveau cycle Epistémé de la saison 2022/2023. Leurs interventions ont permis de remettre en perspective les logiques d’urbanisation mises en place dans le contexte régional et transfrontalier des hauts de France, de se pencher sur la bifurcation métropolitaine et les développements innovants tels la smart city avec ses points d’intérêt et ses limites.
« La ville vue d'en bas : travail et production de l'espace populaire » présenté par Anne Bory
Appréhender la ville par le quotidien de celles et ceux qui vivent dans ses quartiers populaires, aux marges du marché du travail, montre à quel point la ville est à la fois ressource et produit d'un travail populaire que le collectif Rosa Bonheur analyse sous le terme de travail de subsistance. La désindustrialisation et la fragilisation de la société salariale ont placé des pans entiers des classes populaires dans des situations matérielles très précaires. Les économies familiales, qui reposent sur des ressources liées à la fois à des emplois précaires, à des petits boulots et à une quantité considérable d'activités non reconnues comme du travail mais indispensables au quotidien des foyers, dépendent étroitement de l'ancrage territorial des familles, souvent contesté par les politiques urbaines.
La conférence sera animée par Sébastien Duprez, directeur de l'engagement sociétal chez Entreprises & Cités.
« Repenser la ville productive »
présenté par Annette Groux
Depuis 2020, Annette Groux travaille entre autre, avec des collègues urbanistes, géographes et architectes de Lille et de Bruxelles sur la ville productive, dans le cadre d’un programme de recherche du Plan Urbanisme, Construction et Architecture (service interministériel de l’Etat). Ce programme invite à mieux prendre en compte les activités économiques, les besoins des entreprises et des travailleurs et, plus largement à repenser la place du travail en ville. Dans le cadre de sa discipline, Annette Groux, s’intéresse plus particulièrement à la spatialisation des activités productives au regard des objectifs de zéro artificialisation nette imposés par le contexte climatique, sociétal et législatif. L’objectif du travail en cours est de contribuer à la compréhension des enjeux contemporains de localisation et d’intégration des activités productives dans les tissus urbains denses métropolitains, à travers l’expérience croisée de deux territoires de « tradition industrielle » : la Métropole Européenne de Lille et la Région Bruxelles-Capitale. L’intervention du 8 décembre se propose de revenir sur les enjeux de la planification et de la programmation de ces activités.
« Question temporelle et rythmes urbains » présenté par
Coline Carême et François Lescaux
Si les questions spatiales ont été au centre des interrogations sur la ville, la question temporelle, longtemps négligée, suppose d’être revalorisée. en ce qu’elle a une faculté à agir et peut être mise au service des stratégies des acteurs. Aussi, dans un contexte d’urgence climatique, le bureau des temps de la MEL développe une stratégie d’expérimentation autour de la culture des temps. Car la question temporelle apparait comme un levier susceptible d’agir sur des enjeux sociétaux, économiques et environnementaux. Dans ce cadre, en s’appuyant sur un diagnostic territorial, l’approche temporelle s’inscrit comme un moyen d’atténuer l’impact de l’activité humaine sur le climat et d’adapter le territoire aux conséquences du changement climatique. Les expérimentations prévues ont notamment pour objectif de penser des organisations de travail alternatives, en cherchant une meilleure articulation des temps de vie, en répartissant les activités de telle façon à diminuer la congestion urbaine, les heures de pointe, en manageant la mobilité, en déployant des solutions innovantes, en reconfigurant des espaces de travail ou en les optimisant, en proposant des services de proximité. Il est également envisagé d’aborder les horaires des services publics, pour les adapter aux besoins des usagers, et donc de mettre en œuvre une organisation temporelle équilibrée du territoire.