Épistémè
Quelles contributions l’Université de Lille peut-elle proposer face aux questionnements sur la ville en transition ?
Le thème de cette conférence :
La conférence du 8 juin qui clôture le cycle : « La ville comme laboratoire des transitions » proposera une relecture du processus qu’a engagé Epistémé en terme de visibilité de la recherche et de renouvellement de la formation continue et professionnelle. Elle reviendra particulièrement sur l’angle d’approche des « transitions » et sur les thématiques consacrées au renouvellement urbain. Celles-ci ont mis en exergue les transformations radicales qui ont traversé la ville, identifiées les champs de réflexion et d’action qui sont concernés, les types de ville qui se dessinent et les questions qu’elles posent en termes de nouveaux objets de recherche, de renouvellement de compétences, d’émergence de nouveaux métiers dans un contexte d’incertitude et d’hyper-complexité.
Pour accompagner cette remise en perspective, Christopher Liénard, élu à Faches-Thumesnil, Benédicte Meley, chargée de l’aménagement à Douai, Sylvie Lerouge, ingénieure pédagogique multimédia, Sébastien Duprez, de Delville Management mais aussi des étudiantes en formation, Jeanne Lottin, Pauline Mortreux témoigneront de leurs pratiques, des compétences qu’ils doivent mobiliser au quotidien et de leurs attentes en termes de savoirs. Jeanne Lottin est actuellement en Master mention Urbanisme et Aménagement parcours Programmation, projet urbain et mobilité durable ; Pauline Mortreux réalise un Master Urbanisme et Aménagement parcours projet urbain et modèles alternatifs. Une synthèse, présentée par Marie Cauli, s’attachera à extraire les éléments les plus saillants et à dessiner des orientations aptes à reconfigurer les liens entre la recherche, la formation et les pratiques de l’urbain.
Le programme
Replay de la conférence du 8 juin 2023 :
Fabriquer la ville : un nouvel exercice
présenté par Christopher Liénard
Christopher Liénard exerce les fonctions d’élu chargé des questions d’urgence écologique et d’aménagement. Son témoignage sur le terrain des politiques de la ville sera l’occasion d’évoquer les enjeux fondamentaux qui traversent le renouvellement urbain, d’ordre économique et écologique mais aussi indirectement d’ordre prospectif et partenarial. Le bâtiment, les questions énergétiques, la qualité de l’air, la transformation climatique des villes sont des exemples significatifs de thématiques dont le questionnement appelle à appréhender des logiques hypercomplexes, à penser conjointement les modes de vie et les infrastructures, à composer avec des visions opposées voire antagonistes. Ces hiatus constants nécessitent de s’adapter en permanence et adresse un défi en faveur d’une évolution des compétences et/ou à la création de nouveaux métiers. Car, derrière ce nouvel exercice de la fabrique de la ville se joue de nouvelles manières de penser, un renouvellement des modes d’action, un besoin de connaissances et d'habiletés inédit. Dans ce cadre, l’expertise, la pluridisciplinarité, la variation des savoirs, l’approche transversale sont particulièrement sollicitées. Elles attestent d’un besoin de compétences de décentrement et de réflexivité orientées vers l’action dont l’université, garante d’une objectivité recherchée, peut s’emparer dans son offre de formation.
Les ateliers participatifs autour de la fresque de la ville : une nouvelle approche expérientielle
présenté par Sylvie Lerouge
Les ateliers participatifs du cycle 2 Epistémè s’appuient à la fois sur les apports des conférences du cycle, sur les questions-réponses avec le public de ces conférences, sur les expertises des participants et des accompagnateurs de l’atelier et sur un travail d’inspiration et de design à partir de démarches et de ressources existantes. Deux ateliers se sont tenus le 16 mars et le 11 mai. S’appuyant sur l’outil pédagogique de la « Fresque de la Ville, laboratoire des transitions », ces ateliers visent à co-créer des supports concrets d’appui à une démarche de formation à destination de filières variées sur la question transversale des transitions écologiques. Ils s’attachent à identifier les enjeux des transitions écologiques, de faire les liens et représenter le système d’interactions qui se jouent à travers la ville comme milieu complexe, spatial, temporel et humain, à questionner les mécanismes en place dans ce système, leurs effets et leur évolution, investiguer les « Scénarios des possibles » pour ouvrir de nouvelles voies. Cette première approche devrait structurer un guide d’animation du dispositif et permettre son appropriation dans des filières volontaires.
Créer de la synergie : une activité d’équilibriste ?
présenté par Bénédicte Meley
Ces 20 années de carrière professionnelle autour de l’urbain lui permet de remettre en perspective les grandes évolutions urbaines dont la prise en compte du changement climatique dans l’aménagement urbain. Au départ simple option désormais rendue obligatoire, cette dynamique s’est imposée à travers une série de lois et est le fruit d’une série d’expérimentations et d’actions locales réussies, fruit d’impulsions politiques fortes et de l’engagement d’un ensemble d’acteurs qui ont fait le pari de changer la ville. Ce processus auquel elle a participé n’est pas le fruit du hasard et mobilise des compétences renouvelées. Au quotidien, il suppose de dépasser une approche strictement technique, de se confronter à des métiers différents, de jongler avec des finalités opposées. Il nécessite de s’emparer et de se former à des secteurs absents des formations initiales entreprises (bilans financiers, bilans d’opérations) sous peine de ne pouvoir négocier avec les grands partenaires (publics, opérateurs logement, secteur financier, associations, etc.), de s’informer continuellement de l’évolution règlementaire, de disposer de connaissances fines sur de multiples volets mais aussi d’être capable de stratégie et de prospective dans un contexte mouvant. Ces démarches exigeantes supposent de comprendre un univers complexe, de trouver les expertises que l’on n’a pas nécessairement, de les mobiliser, de saisir les enjeux des jeux d’acteurs, de trouver les méthodes pour obtenir des réponses ou des solutions mais aussi parfois d’avoir la capacité à se mettre en retrait.
Conclusion : Recherche, formation et métiers de l'urbain : quelles perspectives ?
présenté par Marie Cauli
L’idée de laboratoire des transitions utilisée dans le cadre de la ville, traduit une nouvelle ère vers laquelle nous nous dirigeons mais révèle à quel point le chemin pour y accéder reste flou ou semble s’inventer au jour le jour, au gré des expérimentations. Elle nous confronte à la complexité de la question urbaine dans un contexte incertain et généralisé. Dans ce cadre, la contribution académique est d’autant plus nécessaire. Dans un contexte de coalescence des crises, alimentaire, écologique, économique et sociale et des défis de toutes sortes, elle met en relief une nouvelle manière de penser la ville. Celle-ci s’est exprimée dans les thématiques abordées et par les éclairages théoriques et pratiques sur les processus d’urbanisation, la question productive ou numérique, la dimension temporelle mais aussi sur les processus de co-construction des territoires, les manières d’habiter, etc. Dans ce panorama, la dimension environnementale s’est imposée comme le filtre de convergence de tout développement urbain et semble faire consensus. En ce sens, celle-ci interpelle aussi bien les métiers dans leurs contours pratiques que les compétences à mobiliser. Autrement dit, s’intéresser aux pratiques des professionnels de l’urbain, des élus, des associatifs au plus près du terrain nous renseigne tout autant sur les formations à renouveler, sur les rapports avec le milieu de la recherche et sur les méthodes à développer. Car passer du cloisonnement à la transversalité, de la hiérarchisation à la collaboration, de la fragmentation à la coopération au profit d’impératifs écologiques et sociaux s’inscrit dans une réflexion générale sur la réactualisation des connaissances et le développement de méta-compétences, les seules à même de traiter les problèmes de fond plutôt que les symptômes.